Les chats noirs et le diable à travers "Les Évangiles du Diable de Claude Seignolle"


Les chats noirs

Les chats noirs sont des suppôts du démon, qui les a attachés à la personne qui a fait un pacte avec lui. Voici comment, en Basse-Bretagne, on se procure ce serviteur précieux : lorsqu'on a évoqué le diable à un carrefour où se réunissent cinq chemins, on voit accourir par celui qui est en face de l'opérateur un chat noir, et d'autres animaux par les trois autres. L'un d'eux, et d'ordinaire c'est le chat, appartient à celui qui a vendu son âme et le suit pour rester à son service.

Quand on veut qu'il aille quérir de l'argent, il faut, avant d'aller se coucher, placer près de lui une bourse remplie d'un seul côté et lui commander d'aller faire son devoir. Dès que la chandelle est éteinte, le chat se met en campagne emportant l'argent, et l'on peut être sûr de le voir le lendemain ou l'un des jours suivants, rentrer au logis avec le double de la somme qui lui a été confiée. Mais il est nécessaire de soigner ces bêtes, de les nourrir et de les dorloter comme de petits enfants au maillot. L'un d'eux ayant été un jour maltraité par son maître, un cultivateur des environs de Quimperlé, le diable accourut pour le venger, et provoqua en s'en allant la tempête qui, en mars 1903, causa tant de dégâts sur les côtes du Finistère.

En Gascogne, un homme nourrissait de viande de boucherie deux chats noirs qui étaient ses mandagots ; ils dansaient toute la journée, n'attrapaient pas de souris, mais lui apportaient chaque soir deux louis de 24 livres. Quand il se vit opulent, il les négligea et ils l'étouffèrent pendant une nuit de Carnaval.

Dans le Finistère on rencontre quelquefois le chat noir, à minuit, dans un carrefour ; c'est le diable qui a pris cette forme pour garder un trésor. Pour l'avoir il faut se vendre à lui et passer un contrat signé avec le sang du petit doigt gauche. On lui appartient après sa mort. Toutefois on peut lui échapper, ses marchés étant inscrits sur son cahier, et son droit n'étant incontestable qu'à chaque neuvième inscription. Pour lui enlever son argent sans qu'il arrive mal, il faut se munir d'une fourche de coudrier poussé dans l'année, d'une poule blanche et de l'herbe d'or. Au carrefour on lâche la poule, le chat noir courra après. La poule noire en se sauvant criera. L'herbe d'or fera comprendre ses paroles et celles du chat noir une fois pris. On saura ainsi où est le trésor et on n'aura plus qu'à le déterrer avec la fourche.

En Vendée, ceux qui voulaient faire pacte avec le diable mettaient un chat noir à bouillir tout vivant dans une marmite.

On dit, en Basse-Bretagne, que chacun d'eux a un seul poil blanc qui confère une grande puissance à celui qui le trouve.

En Haute-Bretagne, sa cervelle mangée chaude rend invisible.

On croit dans les Vosges que la patte gauche d'un chat noir mise dans la gibecière d'un chasseur sans qu'il le sache, l'empêche de bien viser.

Quelques autres superstitions en rapport avec les chats extraites des Évangiles du Diable

Quelques superstitions se rapportent au caractère égoïste ou hypocrite attribué à ce félin : Si l'on en donne un, à un ami, on est sûr de se brouiller avec lui. En Provence, on recommande aux enfants de ne pas jouer avec les chats qui sont les serviteurs du diable.

On les a aussi accusés de malfaisances et de méchanceté : au xvie siècle, un illustre chirurgien adoptait encore cette croyance « Je diray davantage que le Chat est une beste pernicieuse aux enfans au berceau, parce qu'il se couche sur leurs visages et les estouffe.

On dit dans le Finistère qu'il s'étend sur leur poitrine. Dans la Creuse on établit un parallèle entre le chien et le chat : ami fidèle de son maître, le chien se réveille trois fois par nuit pour veiller sur lui, tandis que le chat se réveille trois fois pour l'étrangler. Dans l'Albret, comme du reste en d'autres pays, le chat aime la maison et le chien le maître.

A l'exception du chat qui est par excellence la bête du diable et des sorciers, les mammifères domestiques ne jouent qu'un rôle secondaire dans la diablerie. Quand à ce félin, il est en liaison étroite avec le monde satanique ; on dit même, dans la Loire- Atlantique, qu'au jour du jugement dernier, on verra tous les chats grimper le long du mur de l'enfer.


 

Les Évangiles du diable, selon la croyance populaire

de Claude Seignolle aux Editions Maisonneuve & Larose (9 août 2005)
Broché: 901 pages


Le chat animal maléfique, à la fois suppôt du diable et symbole de beauté et de féminité

Le chat animal maléfique, suppôt du diable pour les uns et à la fois symbole de beauté et de féminité pour les autres. Cette dualité se retrouve dans les superstitions attachées au chat, à Beaugency (Loiret - 45190).
Le chat est en effet très présent dans les vielles légendes de Beaugency
En Orléanais, au XIXè siècle on proclamait, "Malheur à celui qui tue un chat, car rien ne lui réussira" et que "Rêver d'un chat, c'est signe de malheur pour soi ou pour la maison où l'on est". Les légendes de Beaugency illustrent le côté obscur du chat. Bien que trois versions différentes soient apparues au cours du XVIIIè et du XIXè siècles pour tenter "dédiaboliser" l'histoire des chats attachée à cette ville, il semble bien que l'origine de celle-ci doive être recherchée dès le Moyen-Age dans la légende du "Pont du diable". La première édition de cette légende a été rédigée en 1842.

Cette légende fut popularisée à nouveau en 1936, par James Joyce qui écrivit alors "Le chat et le diable". Selon cette légende le diable, n'ayant obtenu en échange de la construction du pont de Beaugency qu'un chat, aurait proclamé à ses habitants : "Vous n'êtes pas de belles gens du tout ! Vous n'êtes que des chats !" Aujourd'hui, les Balgentiens semblent avoir assimilé cette comparaison à l'origine peu flatteuse puisque de par les rues, sur les toits ou les enseignes, les chats ont depuis investi la ville. A noter que nous ne savons pas si ce chat du Diable, était noir mais ce que nous avons pu constater c'est que toutes les illustrations des récits de cette légende le sont avec des chats noirs.


 

"Le chat et le diable" par James Joyce

aux Editions Gallimard jeunesse (10 Janvier 2008)
Une légende drôle et malicieuse de James Joyce à raconter aux petits et que les plus grands liront avec plaisir.
Collection : Folio Benjamin



 

Le treizième chat noir

de Christian Poslaniec aux Editions L'Ecole des loisirs (22 avril 1993)
Le treizième chat noir de Christian Poslaniec reprend également une de ces légendes de Beaugency
Qui raconte qu'autrefois, tout le monde pouvait entrer à Beaugency en traversant le pont, mais personne ne pouvait en ressortir. Quiconque tentait de franchir le pont en sens inverse était transformé en chat noir, qui allait semer le malheur dans les contrées avoisinantes. Quiconque, excepté une personne. C'est la légende du chat du diable.